La thématique animalière traverse de manière absolument intime et extrêmement sensible l’œuvre et la vie de Miquel Barceló. En 1993, l’artiste réalise une œuvre initiatique qu’il intitule L’artiste animalier. Véritable œuvre pariétale contemporaine, il met en scène dans ce tableau-dessin-sculpture des silhouettes animalières qui s’imbriquent, qui se répondent et se font écho dans une composition reliant l’homme et l’animal. Œuvre révélatrice, sculpture picturale, Barceló mêle ainsi et par son action l’image des chevaux préhistoriques avec sa place d’artiste dans le monde et l’esthétique contemporaine.
Barceló plonge, creuse et puise dans la terre. Il prélève cette terre originelle, cette argile nourricière pour en faire un de ses matériaux de prédilection. Cette matière artistique et la matière-terre deviennent la base et la source de son œuvre plastique. Artiste animalier, animal-artiste, Barceló devient par son œuvre le passage, l’incarnation d’un devenir et d’une substance poétique de l’art revendiquant une sensibilité primitive.
L’artiste plonge dans la terre. Il puise ses thématiques au fin fond de l’Histoire. Son œuvre est empreinte d’une gestualité assumée dans laquelle le corps de l’artiste est engagé dans un véritable face-à-face physique. La manifestation de l’animal, de sa représentation et de sa symbolique dans l’œuvre et la pratique artistique de Miquel Barceló est l’objet de cette contribution.
Comment Barceló fait intervenir l’animal et le met en scène dans son travail ? Quelle signification et quelle métaphore l’animal entretient avec la pratique de l’art ? Quelles relations peut-on faire avec cette animalité assumée de la part de Barceló et son travail, ses gestes et actions artistiques ?
Jubilation picturale, beauté rayonnante, Miquel Barceló utilise la matière picturale et les matériaux artistiques comme des éléments naturels. Il imprègne dans son œuvre une magie originelle qu’il sublime par un chatoiement de la ligne graphique et de la couleur. Entre délicatesse et violence, Barceló nous plonge avec lui dans une sensibilité initiale qui s’adresse directement à nos sens et à notre système nerveux. Il saute sur sa toile comme un animal qui chasse et il nous entraîne avec lui grâce à la fragilité de ses tons et de ses nuances.
The animal theme runs through the work and life of Miquel Barceló in an absolutely intimate and extremely sensitive way. In 1993, the artist produced an initiatory work which he called L’artiste animalier. A true contemporary parietal work, he stages in this painting-drawing-sculpture animal silhouettes which intertwine, which respond to and echo each other in a composition linking man and animal. Revealing work, pictorial sculpture, Barceló thus mixes and through its action the image of prehistoric horses with its place as an artist in the world and contemporary aesthetics.
Barceló dives, digs and taps into the earth. He takes this original earth, this nourishing clay to make it one of his favorite materials. This artistic material and the material-earth become the basis and the source of his plastic work. Animal artist, animal-artist, Barceló becomes through his work the passage, the incarnation of a becoming and a poetic substance of art claiming a primitive sensibility.
The artist plunges into the earth. He draws his themes from the depths of history. His work is imbued with an assumed gesture in which the artist’s body is engaged in a real physical face-to-face. The manifestation of the animal, its representation and its symbolism in the work and artistic practice of Miquel Barceló is the subject of this contribution.
How does Barceló involve the animal and stage it in its work? What meaning and what metaphor does the animal have with the practice of art? What relationships can we make with this assumed animality on the part of Barceló and his work, his artistic gestures and actions?
Pictorial jubilation, radiant beauty, Miquel Barceló uses pictorial material and artistic materials as natural elements. He impregnates in his work an original magic that he sublimates by a shimmering of the graphic line and the color. Between delicacy and violence, Barceló immerses us with him in an initial sensitivity that speaks directly to our senses and our nervous system. He jumps on his canvas like a hunting animal and he takes us with him thanks to the fragility of his tones and nuances.
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« Les grands tableaux d’animaux de Barceló se présentent au spectateur comme des retables d’une religion en train de s’inventer avec des rites pandémoniques où les éléments s’entrelacent sans fin et deviennent un tout : corps et composants humains, animaux et végétaux. L’influx vital de cette peinture réside dans l’énergie animiste du peintre majorquin Miquel Barceló. Son animisme n’est autre que la révélation picturale de sa propre certitude intérieure qu’il y a un espace présent en chacun de nous, où animal et homme, fleurs et métaux, arbres et lueurs forment un tout indissociable, part intégrante de notre nature, la stimulant et la poussant à se manifester1. »
L’animal traverse de manière intime et extrêmement sensible l’œuvre et la vie de Miquel Barceló. En 1993, l’artiste réalise une œuvre initiatique qu’il intitule L’artiste animalier. Véritable œuvre pariétale contemporaine, il met en scène dans ce tableau-dessin-sculpture des silhouettes animalières qui s’imbriquent, qui se répondent et se font écho dans une composition reliant l’homme et l’animal. Œuvre révélatrice, sculpture picturale, Barceló associe la représentation de chevaux préhistoriques avec sa place d’artiste dans le monde et l’esthétique contemporaine.
Barceló plonge, creuse et puise dans la terre. Il prélève cette terre originelle, cette argile nourricière dans la nature pour en faire un de ses matériaux de prédilection. Cette matière-terre devient la base et la source de son œuvre plastique. En 2016, il crée, trace et dessine des squelettes et autres fossiles animaliers qui se mettent à danser sur la verrière de la Bibliothèque Nationale de France. Au même moment, il expose à l’entrée de l’exposition qui lui est consacrée au Musée Picasso à Paris, un gorille solitaire qui crie sa rage, hurle sa puissance à la face des visiteurs.
Artiste animalier, animal-artiste, Miquel Barceló devient par son œuvre le passage, l’incarnation d’un devenir et d’une substance poétique de l’art contemporain revendiquant une sensibilité primitive. La sculpture mi-humaine, mi-poulpe, présentée en conclusion de son exposition parisienne de 2016 est une extraordinaire préfiguration de cette métamorphose de l’homme en animal2. Cette démarche, il la concrétisera de nouveau par l’illustration, l’ornement de l’ouvrage de Franz Kafka en 2020, La Métamorphose.
La manifestation de l’animal, de sa représentation et de sa symbolique dans l’œuvre et la pratique artistique de Miquel Barceló pose certaines questions essentielles sur l’activité artistique. Comment Barceló fait intervenir l’animal et le met en scène dans son travail ? Quelle signification et quelle métaphore l’animal entretient avec la pratique de l’art ? Quelles relations peut-on faire entre cette animalité assumée de l’artiste avec son travail, ses gestes et ses actions artistiques ?
Jubilation picturale, beauté rayonnante, l’œuvre de Barceló allie et marie la matière picturale et les matériaux artistiques comme des éléments naturels. Il imprègne dans son œuvre une magie originelle qu’il sublime par un chatoiement de la ligne graphique et de la couleur. Entre délicatesse et violence, Barceló nous plonge avec lui dans une sensibilité initiale et initiatique qui s’adresse directement à nos sens. Il saute sur sa toile comme un animal qui chasse et nous entraîne avec douceur et bienveillance par la fragilité sensible de ses tons et de ses nuances chromatiques.
Miquel Barceló est un homme de la terre mais aussi de la mer. Né à Majorque en 1957, il vit depuis des décennies entre Paris et son île natale. Également grand voyageur, il parcourt le monde et s’arrête régulièrement pour de longs séjours dans plusieurs lieux comme le Mali, le Sahara, le Niger, l’Égypte ou encore le Pays Dogon.
Homme fait de lumière, de pénombre, d’eau et de terre, son art nous plonge avec lui vers les origines de l’Humanité. L’œuvre citée en introduction à ce propos, L’artiste animalier, engage irrémédiablement ce lien entre les premières traces de l’activité artistique de l’Homme et celle de Barceló aujourd’hui.
[Fig. 1] L’artiste animalier, 1993, Technique mixte, pierre noire, pigment et relief sur toile, H. 235 x L. 285 x P. 12 cm, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid, Espagne
L’imaginaire de l’artiste se tourne dès son enfance vers les profondeurs de la terre. Il se nourrit des reproductions des peintures de la Grotte de Lascaux, de la Grotte d’Altamira (Espagne) et de celles de Pech Merle. Les reproductions des peintures pariétales enracinent les fondations esthétiques du jeune homme catalan. Dès ses premières années, il se crée un référentiel intime constitué avec cette famille iconographique des premiers âges et va, dès lors, s’y dévouer corps et âme.
En 1994, c’est le choc pour Barceló ! La grotte Chauvet, située en Ardèche, est mise à jour après 36000 années de silence et se révèle aux yeux des hommes du XXe siècle. Barceló apprend cette découverte, il a alors 37 ans. La fascination est là. Devant les yeux du Monde et celui de l’artiste ébloui, se déploient, se dévoilent ces centaines d’animaux, ces figures anthropomorphes de chevaux, de rhinocéros, de bisons, de panthères. La Grande Fresque des Lions, d’une longueur de douze mètres, montre près de 92 animaux en mouvement et témoigne déjà de l’habileté plastique de l’homme préhistorique avec la mise en œuvre de l’anamorphose, de l’estompe et de la perspective atmosphérique.
Face à cette illumination millénaire, Barceló va trouver la réponse unique à sa pratique de l’art : peindre, dessiner, graver, sculpter ne doit viser qu’à atteindre l’émotion la plus pure et la plus immédiate. Cet abandon aux sources de l’Histoire, Barceló va l’exprimer en évoquant sa découverte personnelle de Chauvet :
« La technique est extraordinaire. Comme toute grande technique, comme Michel-Ange ou comme Picasso, la technique est en même temps très simple et très raffinée. L’artiste de la grotte Chauvet travaillait avec des charbons de bois, préparait son mur, sa giornata, comme un peintre de fresques. Il trouvait la couleur ocre et la couleur rouge dans les environs. Il grattait l’extérieur de la figure pour la mettre en valeur, comme le ferait Tintoretto. Le peintre de Chauvet a préparé des échafaudages, il a préparé son noir, il a préparé son mur […] C’est un atelier d’artiste d’où l’artiste vient de sortir. Derrière les peintures, vous voyez des griffes : ce sont des griffes d’ours des cavernes. Et on peut dire que les premiers artistes étaient les ours des cavernes. Ce sont les ours des cavernes qui ont inspiré les artistes3. »
Miquel Barceló fut choisi par le comité de recherche de la grotte comme membre éminent. Il se retrouve ainsi à étudier ces peintures. Dès lors, l’humain et l’animal se regardent avec comme pont entre eux deux, l’art. Barceló est aux sources mêmes de l’art. Il est immergé dans ce temps suspendu, cette dimension a-temporelle de la grotte. L’artiste s’enfonce, s’isole sous terre à la recherche des félins, des mammouths, des rhinocéros laineux et autres chevaux pariétaux. Il va les peindre, les dessiner, les graver dans ses œuvres et par cet acte leur rendre hommage. Il remonte du fond des âges ces animaux et leur redonne vie par la vitalité de son geste artistique. L’animal est là. Il va nous regarder après 36000 années passées dans la noirceur et l’oubli de l’Histoire pour reprendre vie dans le médium pictural contemporain. Cette peinture intitulée L’artiste animalier, bouge et garde en elle les stigmates du geste de Barceló qui devient métaphore des traces de pas, de griffes et de morsures de ces animaux sauvages. L’artiste devient le receveur, le réceptacle, le porteur et le témoin de cette mémoire préhistorique et de cette animalité primitive. Son art sera irrémédiablement transformé. Comment après une telle rencontre refaire surface et revenir au monde actuel et vouloir d’un art conventionnel ?
Barceló, enchanté, dira :
« […] à Chauvet chaque animal a une individualité propre, une morphologie, une expression, un âge, un regard différent, on reconnaît l’espèce, mais les traits ne sont jamais pareils, il y a des petits détails morphologiques où posturaux étonnants. Et à ce chef-d’œuvre qu’est Chauvet, on ne retrouve rien de similaire pendant de nombreux millénaires, c’est quelque chose d’unique qu’on n’arrive pas à comprendre, qui nous échappe complètement. Comment ces hommes pouvaient-ils avoir un tel sens de l’observation, une telle proximité avec ces animaux ? À cette lumière, on en viendrait à considérer l’art des grottes qui viennent après, Lascaux ou Altamira, presque comme un art décadent4. »
Les mains positives et négatives découpées au pigment naturel sur les parois rocheuses de la grotte deviennent les signatures directes des artistes de la Préhistoire. Ces traces de mains datant de plus de 30 millénaires deviennent en 1994 le témoignage du passage de ces hommes du passé sur Terre. Du fin fond de l’Histoire, l’homme préhistorique revendique, signe son passage sur Terre et adresse, nous pourrions le voir ainsi, un « salut » à l’homme de l’an 2000 !
Barceló est là pour voir, toucher, sentir, ressentir, tenter, essayer et expérimenter. Comme une pulsion inconsciente, il renoue physiquement avec l’animal, la nature et l’homme préhistorique. Il veut se dépouiller de toute diversion moderne pour parvenir plus que tout à l’authenticité ! Le désir et l’émotion deviennent ses uniques raisons de créer.
L’artiste espagnol poursuit une tradition artistique où l’œuvre d’art se constitue dans l’action mais aussi dans un temps donné. Miquel Barceló peint, grave, dessine et sculpte uniquement guidé par ses sensations et sa sensibilité. Nul schéma ou mode d’emploi établi. Il veut atteindre l’essentiel grâce à une technicité artistique pure et débarrassée de tout subterfuge.
L’artiste ne cherche pas à plaire. Il ne veut pas d’un art fait de convention ou de recettes préétablies qui conviendrait à un public facile désirant un art artificiel et frivole. Les méthodes toutes faites issues de quelconques théories techniques ou esthétiques ne l’intéressent pas. Il est un inventeur, un créateur au sens le plus fort du terme, dans la droite lignée de son aïeul, Pablo Picasso.
D’une énergie expressive assumée, l’artiste peint en 1999 l’œuvre intitulée Floquet de neu, le gorille albinos. Par la représentation de cet énorme gorille hurlant, Barceló nous crie au visage et affirme sa présence furieuse dans le monde de l’art. Véritable autoportrait en grand singe blanc, Barceló assume son animalité et sa place d’artiste devant un monde contemporain trop étroit pour lui. Nous le voyons dans cette œuvre grâce à certains traits picturaux brossés en perspective, ce gorille semble acculé, enserré dans l’angle d’une pièce, d’une cage symbolisant l’impossibilité de s’exprimer, de se mouvoir et par là-même un immense mal-être. Les mains sur la poitrine, la gueule ouverte, les crocs acérés et les yeux fermés, le Gorille-Barceló clame sa révolte ! Servie par une technique extrêmement expressive, la matière picturale semble avoir été jetée tout en rayonnant autour du corps du gorille. Le dynamisme plastique est ici explosif.
[Fig. 2] Floquet de neu, le gorille albinos, 1999, Technique mixte sur toile, H. 230 x L. 200 cm, Courtesy Galerie Bruno Bischofberger, Männedorf, Suisse
Barceló ne veut pas d’un art de la décoration. Il cherche l’expérience et la sensation primaire par l’activité artistique. En projetant, en gravant, en dessinant, en peignant, Barceló fait preuve d’un activisme artistique et esthétique sans concession. Instinct de survie, impulsion irrépressible, intuition émotionnelle, l’artiste se place dans un état d’homme-animal.
Les éléments formels et iconographiques qu’il convoque dans son art ne tiennent pas de la redite, mais bien de l’hommage. Cette représentation de ce gorille albinos parqué dans cette cellule actualise celle du l’image du taureau dans son arène. Artiste espagnol lié à jamais à l’héritage de l’art européen et, bien sûr, à celui de la péninsule ibérique, Barceló s’attache aux scènes de tauromachie nouant ainsi sa filiation esthétique à son Maître Picasso. Ce gorille comme le taureau deviennent métaphore-métamorphose de Barceló face à la violence du monde actuel.
Homme seul et solitaire faisant face à sa nature et à ses pulsions animales, Barceló doit se défendre dans ce sérail qui est celui du monde de l’art.
Ce rejet ou ce retrait, il l’exprime, là encore, en prenant la grotte comme refuge : « Je suis plus souvent dans les grottes que dans les galeries ou les musées5. » Par ces termes et sans détour, l’artiste nous amène à comprendre que l’art est un chemin, une voie lui permettant de retourner vers le passé. La grotte, bien évidemment métaphore de la Caverne de Platon, est ce lieu dans lequel il puise intellectuellement et sensiblement sa pensée créatrice.
En 2007, Barceló allie la Préhistoire avec la contemporanéité. Il est choisi au terme d’un concours pour investir l’immense coupole de 1000 mètres carrés de la Salle des conférences du siège de l’ONU à Genève. À plus de 16 mètres de hauteur, l’artiste va transformer, transfigurer ce plafond en une véritable voûte colorée. Il va réaliser de gigantesques coulures créant ainsi des stalactites de près d’un mètre vingt de longueur. Il va projeter une trentaine de tonnes de matière plastique, de pigments naturels, imbibant ainsi toute cette voûte de tons purs et sensibles. Le résultat éclate aux yeux de tous ! La grotte refait surface par un chatoiement, une sublimation féérique et colorée de la matière artistique. Des visions surgissent et s’imposent aux yeux des visiteurs. Comme la découverte d’une grotte après des millénaires d’oubli, voici que sous cette coupole se côtoient des tons, des nuances jaunes, vertes, bleues, oranges, créant un jeu digne une symphonie émotionnelle.
[Fig. 6] Sans titre, 2007, Palais de l’Organisation des Nations Unies, Salle des conférences, Genève
Cette grotte de l’Organisation des Nations Unies se constitue entre le souterrain, le maritime et le ciel. À la fois cavité, mais aussi mer déchaînée ou encore voie lactée, Barceló nous immerge, nous baigne et nous élance vers un envoûtement originel. Les recherches artistiques engagées depuis plusieurs décennies par l’artiste confirment sa volonté impérieuse d’employer au maximum et même uniquement des matériaux naturels. Il retrouve l’activité primitive en utilisant la terre, le végétal, le pollen et le sang. Avec ce dôme paléolithique européen, Barceló nous fait lever les yeux vers notre propre Histoire.
Barceló est un homme de la matière. L’animalité engagée dans sa peinture, dans son geste, dans son action est un » fait pictural » (Seibel 2010 : 17). Cette expression formulée par son ami intime Castor Seibel, le relie à certains artistes qui engagent la peinture comme voie privilégiée vers l’émotion pure.
L’auteur écrit ainsi :
« Reprenons ce qui nous intrigue, ce qui nous fascine : les tableaux de Barceló expriment avec obsession ce qu’ils articulent, communiquant maniaquement leur vision qui est devenue haut fait pictural. Fait pictural avant toute chose, le figuratif y signifiant abstraitement quoique concrètement puisqu’il signifie esthétiquement. Une jubilation de la matière – formes et couleurs – arrivée à son terme, accédant au zénith de l’expression d’elle-même telle une musique n’ayant recours à rien d’autre qu’à elle-même. Essence de l’être. Quintessence jubilatoire6. »
Jubilation, plaisir, jouissance, la terre employée par Barceló, qu’il mélange dans ses pigments et sur ces toiles, c’est celle de l’origine. Il s’agit de cette terre nourricière propice à l’éclosion et à la naissance de la vie.
Le Grand Verre de terre [Fig. 3] réalisé sur les immenses vitres de l’allée Julien Cain de la Bibliothèque Nationale de France symbolise ce terreau, cette terre fertile propice au surgissement de l’animal. Pour la réalisation de cette œuvre, Barceló va enduire les vitres de ce passage de la bibliothèque d’une terre argileuse épaisse de quelques centimètres. Acte de recouvrement, seconde peau à la vitre, cette terre va filtrer les rayons lumineux et va plonger cet endroit de la BNF dans une lumière minérale et terreuse.
Cette verrière d’argile devient vitrail créant ainsi une relation directe entre la terre et la lumière. Par son geste engageant tout son corps, Barceló va tracer, enlever, inciser dans l’argile avec ses doigts, ses mains, ses bras et certains outils inventés pour dessiner, graver des fossiles, des indices d’animaux millénaires. Ces squelettes vont alors prendre vie et retrouver une énergie par la lumière naturelle les traversant. Barceló insuffle de la vie dans la matière. Œuvre imprimée, véritable gravure sur verre, ce Grand Verre de 190 mètres de longueur et de 6 mètres de hauteur éblouit, immerge le promeneur-lecteur de la bibliothèque. Le quidam se retrouve face à ces témoignages du passé, ces poissons, ces antilopes et ces lombrics terreux.
[Fig. 3] Le Grand Verre de terre, 2016, Fresque sur argile, H. 6 x L. 190 m, Verrière de l’allée Julien Cain, B.N.F., Paris, France
Depuis son île natale de Majorque ainsi que lors de ces nombreuses haltes en Afrique, Barceló apprend et réinvente de nouveaux procédés créatifs en y intégrant toujours davantage l’animal.
Lors de son séjour au Mali, l’artiste va associer divers matériaux pour répondre à son besoin irrépressible de créer. Les plantes, les terres, l’eau, la boue deviennent la matrice de sa création. Par cette « cuisine7 », Barceló retourne aux origines de l’art, de l’être. Il apprend auprès des populations locales des techniques traditionnelles africaines transmises depuis des générations. Il va jusqu’à faire intervenir et à intégrer dans son processus artistique l’action de certains insectes comme des termines engendrant la désagrégation de ses supports comme le bois ou le papier.
L’animal se trouve ainsi intégré au processus même de création. Pour d’autres œuvres, il ne peint pas avec un pinceau et utilise directement sa main et son corps entier.
Qu’est-ce que l’art de Barceló ? – si ce n’est, pour reprendre les termes de Castor Seibel, de mettre « en image l’inimaginable8 ». Ce qui est en œuvre chez Barceló c’est bien la nécessité de peindre, de créer. Il est guidé par ce seul et unique but : la matière doit devenir image.
L’art de Miquel Barceló, c’est aussi celui du monde du vivant. Que ce soit celui de la bactérie, de la monstruosité, du minuscule ou du gigantisme, l’artiste catalan nous place avec les vivants au même titre qu’une crevette, qu’une larve, qu’une girafe ou qu’une blatte.
En 2020, Barceló publie chez Gallimard ses illustrations accompagnant le célébrissime texte de Franz Kafka, La Métamorphose.
L’artiste ne va pas choisir la peinture, la sculpture ou la gravure. Il va élire la technique de l’aquarelle pour ses illustrations. Ce geste, cette action de l’eau pigmentée, déposée au pinceau et noyée par le liant liquide fait danser à la surface de la feuille blanche les formes animales-humaines. Le sujet du chef-d’œuvre de Kafka va ainsi trouver une élégance et une sublimation sensuelle par l’aquarelle de Barceló. Couleurs délicates, pinceaux se déplaçant et frôlant le support papier, Barceló montre la blatte, le cloporte prendre possession dans le corps du héros kafkaïen, Gregor Semsa.
[Fig. 5] La Métamorphose, Œuvres originales de Miquel Barceló, Aquarelle sur papier, Paris, Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2020, pages 12-13, Galerie Gallimard, Paris, France
Le regard du lecteur va ainsi pouvoir se déplacer et voir apparaître, surgir dans l’image aquarellée ce que Kafka écrit dès les toutes premières lignes :
« Quand Gregor Samsa se réveilla un beau matin au sortir de rêves agités, il se retrouva transformé dans son lit en une énorme bestiole immonde. Il était couché sur le dos, qu’il sentait dur comme une carapace, et chaque fois qu’il levait un peu la tête il apercevait son ventre bombé, brun, segmenté par des indurations arquées, au sommet duquel l’édredon, prêt à glisser complètement, arrivait à peine à se maintenir. Ses multiples pattes, lamentablement fluettes par rapport au volume qu’il occupait par ailleurs, grouillaient désespérément sous ses yeux9. »
Du micro-organisme à l’éléphant, le pinceau et le crayon de Barceló tracent des formes anthropomorphiques se transformant avec sensibilité en insectes et autres métaphores animalières. Son travail plastique en regard de l’œuvre de l’auteur austro-hongrois est une sublimation de l’instinct artistique, de l’instinct animal, l’instinct de survie, l’instinct de manger, de boire, de peindre de l’artiste-homme-animal. Cette pensée créatrice sans limites et viscéralement nerveuse et vitale, le peintre Francis Bacon y répondra lors d’un entretien donné quelques mois avant sa mort et fait entièrement écho à la pratique du peintre catalan :
« Michel Archimbaud : Ce qui est donc plus important encore que la sensation, ce que l’on ressent, c’est ce que vous appelez l’instinct. Qu’est-ce pour vous que l’instinct ?
Francis Bacon : Qu’est-ce que c’est que l’instinct ? Je ne sais pas. C’est vrai que c’est certainement ce qu’il y a de plus important. Si on peut arriver à faire quelque chose au plus près de l’instinct, alors on a réussi, mais c’est vrai que c’est exceptionnel, que cela se produit très rarement10. »
Métaphore, métamorphose, l’homme-artiste-animal nous jette aux yeux notre propre animalité. Chef d’œuvre de la littérature, l’ouvrage de Franz Kafka place l’adolescent face à son corps, face à la transformation de ses membres, face au rejet de sa famille, face au soulagement de sa mère devant la mort du fils-animal. Qui est l’animal ? Qui est le monstre ? Qui est sauvage ? Qui est cruel ? Barceló imbrique dans le corps de sa peinture ces questions existentielles. L’illustration de la Métamorphose réactualise les liens intimes entre la littérature et l’art.
La vraie peinture, celle qui nous fait vivre, penser, ressentir, c’est celle qui traverse l’œil pour atteindre directement l’esprit transportant avec elle l’amour. Si c’est bien l’œil qui voit l’œuvre d’art, c’est le cœur qui la ressent.
Barceló est sans concession. Il joue avec les limites jusqu’à celle du matériau plastique. Dans certaines de ces œuvres, le papier est tellement imbibé de boue naturelle, de résine ou d’eau, qu’il se déforme et se gondole jusqu’à la rupture. Qualifié d’expressionniste, de néo-expressionniste, l’art de Barceló est impressionnant. Au-delà du carcan théorique des mouvements artistiques, son œuvre nous impressionne et met en œuvre cette puissance animale extraordinaire qui nous pénètre, nous perfore, nous griffe et nous mord avec tendresse et volupté. Barceló, tout comme Bacon, nous emmène, avec lui, vers des régions inconnues. Sa peinture est celle d’un explorateur, d’un guide avançant vers de nouvelles terres artistiques encore vierges. Sa peinture est un terreau, un humus, un compost minéral et végétal propice à la germination et à l’éclosion de nouvelles vies.
Barceló est cet artiste-animal qui, à l’image du fauve, du singe, va aller explorer des territoires vierges et emprunter de nouvelles pistes esthétiques, poussé par un élan vital et impérieux. Il est cet expérimentateur de l’art, cet enfant sauvage qui ne peut être contenu dans des cages esthétiques. C’est l’art, son activité artistique, qui est sa survie et sa nourriture. Cette animalité n’est pas celle d’un carnivore. Barceló crie, griffe, peut se montrer agressif esthétiquement, mais c’est pour mieux revendiquer son instinct et sa place dans le monde de l’art.
Le geste de Barceló est une incarnation de son animalité. Parfois douces, d’autres fois brutes, ses actions plastiques sont la manifestation de l’animal qui l’habite et le possède.
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Du 27 janvier au 26 septembre 2021, le Musée Picasso de Málaga organisait l’exposition Miquel Barceló. Metamorphosis. Celle-ci montrait, parmi plusieurs œuvres de Barceló, une petite aquarelle intitulée Samsa à Altamira. L’œuvre représentait un bison de profil aux cornes acérées et habité intérieurement par un cancrelat. Constituée de couleurs ocres, brunes, terres, orangées et jaunes, cette œuvre est le point d’orgue des réflexions de l’artiste. Kafka se retrouve transposé dans un bison préhistorique entre les murs du musée de la ville natale du Maître Picasso. Cette œuvre sur papier est l’art de Miquel Barceló.
Barceló puise ses thématiques au fin fond de l’Histoire. Son œuvre est empreinte d’une gestualité assumée dans laquelle le corps de l’artiste est engagé dans un véritable face-à-face physique. Tel un animal avec sa proie, Barceló montre ainsi sa volonté de prendre le réel comme » poussée initiale » (Volboudt 1957 : 30) à son tableau, devenant ainsi le prétexte à bondir dans la matière. Le tableau ne devient pas une simple décoration, il est une réflexion dans laquelle le dessin, la forme et la matière créent une harmonie animalière plaçant l’instinct comme principe fondateur. Diego Vélasquez, Le Tintoret, Francisco de Zurbarán et Le Caravage constitue les fondations de l’œuvre de Barceló lui permettant de créer un nouveau dialecte plastique et esthétique contemporain. Enfant de l’Art Espagnol, maître de la peinture catalane, Miquel Barceló est un homme du passé faisant face à son époque. Revendiquant ses filiations avec Pablo Picasso et partageant des thématiques récurrentes telles que la représentation de l’atelier, la nature morte, la tauromachie, nous pouvons relier le chatoiement de ses couleurs avec l’élégance chromatique de Juan Miró. Son langage plastique, son engagement dans la matière tiennent là aussi d’une proximité esthétique notamment avec Antoni Tàpies.
Barceló est un « émerveilleur ». Il marie l’animalité, la « brutalité » de certains gestes, la cruauté de certains sujets représentés avec une délicatesse et une tendresse exceptionnelles. Il nous faire voir et ressentir des choses violentes avec une joliesse rare et douce.
L’animalité en jeu chez Barceló tient de la fragilité et de la préciosité. Face à ces amas de matière plaquée et torturée à la surface de ces « toiles-terres-surfaces marécageuses11», il serait légitime de se sentir perdu et déconcerté. C’est ici que la magie opère et que le sortilège de Barceló nous pénètre. Ces cris picturaux et ces jets de peintures qu’il nous lance par ses œuvres, nous les accueillons avec bonheur et envie. Son art est habité et incarne cette agrégation faite de matière, d’animalité, de terre et de mer. Barceló est un instinctif. Sauvage mais aussi délicate, sa personnalité est enracinée dans les premiers âges de l‘Humanité mais se déploie dans une contemporanéité immédiate et assumée. L’amour de la matière, l’amour de l’art, la place du geste, l’engagement du corps, c’est ce qui fait de Barceló cet animal-artiste.
1 Castor, Seibel, Barceló ou La Peinture, Paris, L’Échoppe, 1998, p. 41-42.
2 Voir [Fig. 4]Très Llulls, 2012-2013, Plâtre, H. 126 x L. 80 x P. 75 cm, Courtesy Collection de l’artiste.
3 Anonyme, « Il y a 36 000 ans la Grotte Chauvet-Pont d’Arc Ardèche / Autres regards / Miquel Barceló », in Ministère de la Culture et de la Communication, URL : https://archeologie.culture.fr/chauvet/fr/miquel-barcelo, consulté le 5 juin 2022 [consulté le 14 mars 2023].
4 Anonyme, « Comment la matière devient image ? Rencontre avec Miquel Barceló, peintre, sculpteur », in Académie des Beaux-Arts Institut de France, URL : https://www.academiedesbeauxarts.fr/comment-la-matiere-devient-image [consulté le 14 mars 2023].
5 Harry Bellet, « Miquel Barceló “Je suis plus souvent dans les grottes que dans les galeries ou les musées” », Le Monde, 28 mai 2021.
6 Castor, Seibel, op. cit., p. 16-17.
7 Francis, Ponge, Nouvelles notes sur Fautrier, dans : Œuvres complètes, Tome II, Paris, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2002, p. 680-681 et p. 1308.
8 Castor, Seibel, op. cit., p. 28.
9 Franz, Kafka, Miquel, Barceló, La Métamorphose, Œuvres originales de Miquel Barceló, Paris, Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2020, p. 17.
10 Francis, Bacon, Francis Bacon. Entretiens avec Michel Archimbaud, Paris, Éditions Gallimard, Collection Folio Essais, 2000, p. 64.
11 Castor, Seibel, op. cit., p. 21.
Ouvrages :
Francis, Bacon, Francis Bacon. Entretiens avec Michel Archimbaud, Paris, Éditions Gallimard, Collection Folio Essais, 2000.
Franz, Kafka, Miquel, Barceló, La Métamorphose, Œuvres originales de Miquel Barceló, Paris, Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2020.
Francis, Ponge, Nouvelles notes sur Fautrier, dans : Œuvres complètes, Tome II, Paris, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2002.
Castor, Seibel, Barceló ou La Peinture, Paris, L’Échoppe, 1998.
Catalogue d’exposition :
Sol y sombra. Miquel Barceló, cat. exp. (Paris, Musée Picasso, Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, galerie I, 22 mars-28 août 2016), Paris, Éditions Actes Sud, 2016.
Articles :
Harry Bellet, Miquel Barceló « Je suis plus souvent dans les grottes que dans les galeries ou les musées », Le Monde, 28 mai 2021.
Pierre Volboudt, « À chacun sa réalité », XXe Siècle, Nouvelle Série, n°9 (double), Paris, 1957.
Documents en ligne
Anonyme, « Il y a 36 000 ans la Grotte Chauvet-Pont d’Arc Ardèche / Autres regards / Miquel Barceló », in Ministère de la Culture et de la Communication, URL :
https://archeologie.culture.fr/chauvet/fr/miquel-barcelo, consulté le 5 juin 2022 [consulté le 5 septembre 2023].
Anonyme, « Comment la matière devient image ? Rencontre avec Miquel Barceló, peintre, sculpteur », in Académie des Beaux-Arts Institut de France, URL : https://www.academiedesbeauxarts.fr/comment-la-matiere-devient-image [consulté le 5 septembre 2023].
Notice Bio-blibliographique
Etienne David est enseignant en Arts Plastiques et Docteur de l’Université Paris VIII – École Doctorale Esthétique, Sciences et Technologies des Arts, spécialité Arts Plastiques et photographie. Membre associé du Centre d’Étude des Arts Contemporains, Université de Lille, il a soutenu une thèse, présidée par M. Jacinto Lageira, au Mémorial de la Shoah à Paris intitulée La représentation des traumatismes de la Seconde Guerre mondiale à travers le cycle Nous ne sommes pas les derniers de Zoran Music et la série Otages de Jean Fautrier sous la direction de M. Pascal Bonafoux. Assistant de Conservation au Musée National d’Art Moderne, Centre G. Pompidou, Paris, sous la direction de M. Jean-Paul Ameline, il fut co-commissaire de la rétrospective japonaise « Jean Fautrier 1898-1964 » (Tokyo, Toyota et Osaka) en 2014. Il a réalisé plusieurs articles et communications traitant de la question du visage, de sa représentation, notamment pendant et depuis la Shoah.
– Contribution intitulée « J. Fautrier Tête », publiée dans le catalogue de l’exposition temporaire Mirrors of the Portrait. Highlights of the Centre Pompidou collection. Third semi-permanent exhibition, West Bund Museum Centre Pompidou, Shanghai, Chine, 21 juillet 2023 au 5 novembre 2024, Éditions du Centre Pompidou, sous la direction de Frédéric Paul, 2023.
– Recueil méthodique et amoureux Jean Fautrier [en ligne] sous la direction d’Etienne David et de Dominique Fautrier (fils de l’artiste), www.recueiljeanfautrier.fr, 1221 peintures identifiées et annotées / 2445 références de presse (françaises et étrangères).
– Conférence intitulée « Hommage à Christian Boltanski : Sur les traces de l’enfance », dans le cadre de la 11ième Université d’été Archives, Souvenirs, Traces, Association Les Littœrales en partenariat avec le Château Coquelle et le LAAC (Lieu d’Art et Action Contemporaine), Dunkerque, 26 et 27 août 2022.
– Conférence intitulée « Déambulations » dans le cadre de la Journée d’étude Péril en la demeure – Laboratoire HLLI (Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel – UR 4030 – ULCO) et Laboratoire ALITHILA (Analyses Littéraires et Histoire de la Langue – URL 1061 – Université de Lille, Université du Littoral-Côte d’Opale, Maison de la Recherche, Dunkerque, 8 avril 2022.
– Conférence intitulée « Anne et Patrick Poirier. La ruine, victime et mémoire des temps », dans le cadre du Symposium International : Les ruines de guerre. Écrire, figurer, recomposer (XXe et XXIe siècles) organisé par l’équipe ILHAM (Interférence de la Littérature, de l’Histoire, des Arts et des Médias) du Centre des Sciences des Littératures en langue Française de l’Université Paris Nanterre dans le cadre de l’ANR Ruines (Les usages politiques et sociaux des ruines de guerre entre résilience, commémoration et patrimoine) coordonnée par Stéphane Michonneau (IRHiS – Université de Lille, https://ruines.hypotheses.org), soutenu par les laboratoires Criham, LARHRA, et l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais, 14, 15 et 16 octobre 2021.
– Contribution « Francis Bacon-David Lynch. Une plasticité du sensible », publié dans la Revue d’études littéraires Chameaux, n° 13, intitulée L’incertaine réalité : Rêves, illusions et hallucinations, Université de Laval, Québec, décembre 2020.
– Conférence intitulée « Le vêtement, entre disparition et souvenir. Étude de l’œuvre de Christian Boltanski », dans le cadre de la Journée d’étude Vêtements : corps, tissus, fils et espaces dans les arts scéniques et visuels, Université Polytechnique des Hauts-de-France, École doctorale SHS – Sciences de l’Homme et de la Société (ED 473), Valenciennes, avril 2020.
– Conversation avec M. Castor SEIBEL réalisée à Juan-les-Pins et Saint-Paul-de-Vence, 2 parties, août 2017- https://www.youtube.com/watch?v=gHT5ucQGY4o [en ligne], (65 min).
– Étude intitulée « Gran cabeza trágica », publiée dans le catalogue de l’exposition permanente La Colección – Obras maestras del Centre Pompidou en Málaga, Éditions du Centre Pompidou/TF Editores, Bilingue Espagnol-Anglais, 2015, pp. 102-103.
– Études « Les Otages : émotion et nouvelle technique », « Bibliographie sélective » et « Chronologie » de la vie de l’artiste, publiées dans le catalogue de la rétrospective itinérante Jean Fautrier, Tokyo, Toyota et Osaka, 24 mai au 7 décembre 2014.
– Notice « Grande testa tragica », publiée dans le catalogue d’exposition Il volto del’900 – da Matisse a Bacon, Palazzo Reale, Milan, 25 septembre 2013 au 9 février 2014, Éditions Skira/Éditions du Centre Pompidou, sous la direction de Jean-Michel Bouhours, 2013, p.97 et pp. 141-142.
– Analyse et bibliographie de l’œuvre de Jean Fautrier « Grande tête tragique – 1942 », publiées dans le catalogue de l’exposition Portraits – Collections du Centre Pompidou, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2 mars au 24 juin 2012, Éditions de la Fondation P. Gianadda, préfacé par Jean Clair, pp. 64 et 65.