Meta, μετά

Au-delà, après


Meta, μετά est la sixième thématique de la revue, pensée comme un renouveau à l’heure où est retracée une ligne éditoriale se voulant toujours plus proche du mouvement en création de la pensée et revendiquant la pluralité des approches.

Si le terme est aujourd’hui à la mode, notamment pour esquisser l’avenir d’univers numériques absorbant nos sens et nous promettant des vies parallèles, simulées et virtuelles (loin, là aussi, de l’étymologie grecque), il nous semble important de nous réapproprier le radical meta. Avant de composer un mot, méta désigne l’autoréférencement, ce qui dans et au-delà de l’objet réfléchit à l’objet lui-même. Les auteurs de ce numéro ont toujours rappelé la question du métalangage dans leurs analyses, aussi éloignées semblent-elles.

Chaque champ d’expression, qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, d’architecture, de cinéma, de poésie ou de philosophie, a été questionné pour lui-même, ainsi que ses conditions d’existence, selon un point de vue précis, une certaine sensibilité. Voire même selon une perspective historique au sens où certains articles articulent à la création la notion de modernité. Thibault Jeandemange nous invite ainsi à penser la métamodernité précisément à travers un cinéma qualifié de « méta ». Ses analyses et comparaisons de blockbusters américains sortis ces dernières années suggèrent la complexité d’une mise en abyme fictionnelle. Où se dit l’au-delà de l’œuvre ? C’est une des questions fondamentale, dépassant toute référence historicisante, traversant l’ensemble de cette publication. L’art contemporain, sous la plume de Corentin Delcambre, pose précisément la question de la littéralité à travers un ensemble d’œuvres minimalistes s’en réclamant. Quand à l’unique travail plastique qui nous est proposé dans ce numéro, il n’est pas seulement la forme née de la réflexion d’Adriana Popovic au sujet du corps de demain. C’est aussi le regard qu’il a suscité auprès des membres de la revue et qui a abouti à un texte de Marie Le Meur. Dans l’entre repose le pouvoir du dire. A la question de l’au-delà de l’œuvre s’accorde celle du lieu de la parole. Fabienne Potherat a choisi de le mettre en scène, littéralement, en convoquant deux philosophes, Socrate et Albert Camus. Au bord de l’abîme mallarméen, Camille Hervé nous plonge, elle, dans une longue traversée du méta de la métaphysique. Le métalangage, comme une pierre que l’on retourne dans la paume de sa main, reflète deux facettes d’une même pensée : esthétique et psychanalyse. Car le méta du langage pose la question du fondamental de l’homme. Thomas Richard propose justement ses antéformes architecturales en dialogue constant avec un penseur du fondamental ou de l’originaire qu’est Henri Maldiney. Le lecteur pourra retrouver une autre référence à ce même penseur dans l’article de Bernard Salignon qui s’attache aux pulsions de vie et de mort constituant une part du long travail de Freud sur ce qu’il appelle la « métapsychologie ». Enfin, embrassant l’œuvre du philosophe Raymond Ruyer, Habib Bardi en expose la pensée métaphysique, une pensée vivante, en construction, prenant racine dans les découvertes scientifiques contemporaines.

Liens vers les articles :

La métanoïa, Dialogue entre Socrate et Albert Camus de Fabienne Potherat

Qu’est-ce que la métapsychologie ? de Bernard Salignon

Le méta de la métaphysique ou l’impossible pensée de l’ombre traversante de Camille Hervé

Quand la mer se retire de Adriana Popović & Marie Le Meur

L’esprit métaphysique de Raymond Ruyer de Habib Bardi

La matrice des antéformes : une cartographie des formes architecturales en métamorphose de Thomas Richard

Les éclipses du signe, la métalittéralité ou l’échec de l’objectivisme artistique de Corentin Delcambre

Le blockbuster hollywoodien contemporain à l’époque de sa production d’esthétiques multiverselles et métamodernes de Thibault Jeandemange.

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